14 juillet 2011

Tunisie : pour une commission vérité

L'affaire Samir Feriani, l'officier de police en arrêt depuis près de deux mois pour avoir dénoncé les exactions commises par des officiels hauts placés au sein du ministère de l'intérieur, prouve combien il sera difficile de démanteler l'appreil sécuritaire que Ben Ali n'a cessé d'étoffer durant 23 ans de dictature.


Après avoir évincé Farhat Jajhi, le "M. propre" qui a tenté de réformer le ministère de l'intérieur, les chefs à la tête de l'appereil de sécurité osent le fratricide en réduisant au silence l'un des leurs. Face au cas Feriani, le gouvernement de transition, quant à lui, brille par son silence et par sa complésance.

Six mois après le 14 janvier, l'institution sécuritaire a l'air d'être toujours aussi autonome et puissante. Ni le gouvernement actuel, ni la justice, ne semblent être capables de la contrôler, et encore moins de la réformer. Seul le Palais de Carthage, sous Ben Ali, pouvait le faire. Mais la disparition de ses commanditaires n'a pas aboutti à la fragilisation de l'appareil de sécurité. Les longues années d'impunité et de puissance dont il a bénéficié n'a fait que renforcer son pouvoir.

Les agents du ministère de l'intérieur coupables d'homicides, de tortures et de violations devront pourtant répondre de leurs actes, et en priorité, faire face au légitime appel à la justice des familles des martyrs. Il ne peut y avoir de prescription en la matière. La population tunisienne ne semble pas non plus prête à faire des concessions à ce sujet. Un nouveau sit-in à la Kasbah est prévu demain pour continuer à faire pression.

Aussi primordiale que la réussite des élections de la constituante, et que le sauvetage de l'économie, la justice fait aussi partie des conditions de réussite de toute transition qui vient après des années de dictature répressive. Nous n'avons pas besoin de justice exutoire, ni de justice moralisatrice. Ce dont nous avons le plus besoin, c'est d'une justice réparatrice, d'une commission vérité dédiée à faire la lumière sur les exactions commises sous l'ancien régime. Nous ne pouvons pas bâtir une nouvelle nation avec tant de frustrations et de peines non réparées.

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1 commentaire:

samilami a dit…

Il serait profitable de réfléchir : y a-t-il un lien entre : d'une partla mépris des detresses populaires d'avant la révolution par les partis même "ouvriers" et "populaires" , et de l'autre ce reniement de soi par la justice.